Il est vraiment temps de changer de paradigme. Les modèles de croyance actuels basés sur le PIB, la croissance, deviennent de plus en plus obsolètes face à l’urgence sociale, écologique et climatique.
Bien que le progrès technique soit important, avoir une confiance aveugle en lui est plus que destructeur. Croire uniquement au progrès technique comme sauveur de l’humanité relève d’un acte de foi en un futur imaginaire et prometteur. L’impact de nos progrès techniques non maîtrisés sur notre écosystème est dévastateur.
Notre avancée technique doit, pour moi, être encadrée par une dimension philosophique et spirituelle.
J’entends par spirituelle, et non religieuse, la compréhension de la place que nous occupons dans notre écosystème sans le mettre en danger, et sans nous mettre en danger. Les rapports du GIEC sont de plus en plus alarmants sur le mode de fonctionnement de notre industrie. La biodiversité qui nous permet de vivre et nous constitue est en grand danger face aux différentes extinctions de masses.
Actuellement une grande partie de notre ingénierie est basée sur un système économique dont les indicateurs sont la croissance ou encore le PIB. Ce système économique pousse donc les ingénieurs à concevoir des objets qui suivent une économie linéaire : je fabrique, je consomme, je jette. Les ingénieurs ne se posent pas la question de réutiliser les objets qu’ils fabriquent. De plus, les objets actuellement fabriqués sont de plus en plus dangereux pour l’environnement et sont de moins en moins recyclables. Ils obéissent à la loi de l’obsolescence programmée.
Regardez par exemple nos déchets électroniques qui finissent dans des décharges à ciel ouvert souvent aux pays du tiers monde. Ou encore les déchets de nos centrales nucléaires qui ont une durée de vie de plusieurs millénaires qu’on ne sait toujours pas comment stocker ni recycler. Pourtant il existe une économie circulaire qui est bien plus saine pour nous-mêmes et notre environnement.
Alors changeons nous, passons directement à cette économie circulaire. Ce n’est pas si simple certes. Tout changement ne se fait pas sans renoncement, et pour changer de système il y a énormément de choses que nous devons accepter. C’est là où la spiritualité rentre en jeu, elle permet à l’homme et à la femme de devenir forts face au changement et à accepter l’impermanence(1). Elle permet de se relier à son propre soi et à comprendre les enjeux de ce millénaire, de s’ouvrir aux autres et à la nature. Sans la compréhension ni la prise de conscience de ces enjeux aucun changement ne sera faisable et durable sur le long terme.
Méditer, prier, manger sainement, faire du sport, s’accomplir comme ce que nous sommes, et non pas avec ce que nous avons, devient de plus en plus urgent, et pour soi, pour les autres et pour notre écosystème. Nous sommes issus de cet écosystème et en sommes complètement dépendants, le vivant nous habite et nous constitue.
Notre espèce négocie un virage décisif pour sa survie. Et ce virage ne se fera pas par un nouveau progrès technique, mais bien dans une révolution intérieure.
(1)Concept bouddhiste qui explique que rien ne dure vraiment jamais.